samedi 3 février 2018

Eric Vuillard : L'ordre du jour (N°1- Janv 2018)

Eric Vuillard : L'ordre du jour - 2017, Actes Sud - roman français.

  livre l'ordre du jour



Eric Vuillard a reçu le Prix Goncourt 2017 pour ce livre « L’ordre du jour », prix inattendu : l’auteur fut lui-même surpris en disant que son livre n’est pas un roman mais un récit « ni vraiment de la fiction, ni tout à fait un essai », qu’il est très court, qu’il est paru en mai et non au moment de la traditionnelle rentrée littéraire de septembre…
Toujours est-il que l’on comprend les jurés de ce grand prix tant ce livre est percutant, « scotchant », incroyable : « La démonstration d’Eric Vuillard est limpide, cinglante, implacable » (Télérama)
Eric Vuillard est un  «écrivain passé maître dans l’art de démystifier grâce à la littérature, des faits historiques » (à lire « 14 juillet », paru en 2016 sur la prise de la Bastille). Il aime écrire sur les coulisses de l’histoire. Ici il nous raconte l’arrivée au pouvoir des nazis.
Partant d’une réunion qui a lieu le 20 février 1933 où 24 grands industriels allemands acceptent de donner des sommes incroyables pour financer le parti national socialiste et pour leur profit, il décrit l’arrivée au pouvoir d’Hitler et l’Anschluss (l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie). Nous sommes plongés dans l’atmosphère de l’époque dans les moindres détails, partant quelque fois d’une anecdote qui pourrait paraître anodine. La soirée de Ribbentrop à Londres, invité par Chamberlain, est un régal de lecture. Cette scène est hallucinante et on sent bien que l’auteur écrit dans la « jubilation » (il le dit  lui-même). Puis la bourde du chancelier d’Autriche disant à Hitler que Beethoven est autrichien. Puis « l’embouteillage des blindés obsolètes » : on finit par se demander si tout cela est vrai tant cela parait « fou ».
Le président de l’académie Goncourt, Bernard Pivot, a reconnu avoir été impressionné par ce texte d’une écriture à la fois simple et sidérante : « Le livre est une leçon de littérature par son écriture et une leçon de morale politique ».

Sorj Chalandon : Le Jour d'avant (n°2 - Janv 2018)

livre le jour d'avant    Sorj Chalandon : Le Jour d'avant - 2017, Grasset - roman français.

 " Célèbre plume de Libération, désormais au Canard enchaîné », Sorj Chalandon a déjà été primé avec  « Retour à Killybegs » en 2011     pour le Grand Prix de l’Académie ( suite de « Mon traitre » paru en 2008) puis avec « Le quatrième mur » en 2014 pour le Goncourt des lycéens et encore avec « Une promesse » en 2006 pour le prix Médicis.

Ici dans « Le Jour d’avant », « on s’aventure avec bonheur dans ce nouveau Germinal » (Figaro). En effet le roman se passe dans les mines du Nord de la France dans les années 1970. Les deux premiers tiers du livre sont exceptionnels. On s’attache à ce Michel, jeune garçon, et à son grand  frère Jojo. Leur relation fraternelle est émouvante, très bien vue, très réaliste. Après la vie à la ferme des parents, Jojo décide de devenir mineur : « C’est comme ça la vie » dit-il. On visite la mine avec Jojo qui guide des écoliers dont son frère : la salle des pendus, le savon, la lampe de casque, la taillette. « Lorsque les mineurs se douchaient, ils étaient nus, en file au milieu de la rigole et celui de derrière nettoyait de dos de celui de devant » … « c’est comme ça la vie » … En se documentant et en cherchant la vérité des faits, des sensations, des décors et des bruits, l’auteur rend hommage aux mineurs de fond.
Le 27 décembre 1974 a lieu un coup de grisou : 42 morts…
A partir de ce moment, Michel veut venger la mort de son frère. 40 ans après la mort de Jojo, Michel retourne sur les lieux de son enfance et rumine…Y a-t-il eu une faute collective : c’est un drame industriel, patronal, social ou est-ce une faute individuelle. Pourquoi Michel veut-il venger son frère avec un tel acharnement ? Que cache-t-il ? Rebondissement donc dans la dernière partie du livre que j’ai trouvé plus improbable, plus mystérieuse et un peu longue. La fin est donc une enquête bien menée « avec sa dose de vengeance, suspense et rebondissement » (Figaro).
On retiendra surtout la formidable description et atmosphère qui régnait dans les mines du Nord de le France dans les années 1970.

Pascal Louvrier : Johnny que je t'aime (N°3- Jan 2018)

Johnny que je t'aime - Pascal Louvrier

Pascal Louvrier : Johnny que je t'aime - 2017, Praxys Diffusion - Biographie

  Romancier et biographe, Pascal Louvrier avait commencé d’écrire ce portrait « intime et bouleversant » de Johnny en début d’année 2017. Il l’achève au moment de la mort du chanteur.

Ce portrait est sans concession. On y retrouve ou l’on découvre  ce chanteur hors-norme : sa voix si particulière qui couvre plus d’octaves que beaucoup de chanteurs, la « bête de scène », le parcours de l’enfant, de l’ado, de l’homme, ses débuts, les femmes de sa vie, sa relation avec les fans, sa personnalité, sa gentillesse.
L’auteur nous dévoile les rencontres décisives de Johnny. Particulièrement il raconte des anecdotes et des témoignages de Charles Aznavour qui a toujours protégé, conseillé et aidé Johnny. Mais aussi il décrit la seule rencontre de Johnny avec Elvis Presley, son idole en 1974 : un Presley obèse et sans charme à cette époque  mais avec la superbe voix vibrante et magique. Les rencontres avec les auteurs de ses chansons : Philippe Labro, Michel Berger, Jean-Jacques Goldman entr’autres. La rencontre avec Laetitia : Le Roc qui en 21 ans de mariage est devenue la femme courage et la guerrière sexy et offre à Johnny la vie familiale dont il rêvait.
« Une bio rock pour la seule rock star française. »


Johnny que je t'aime - Pascal Louvrier