vendredi 24 novembre 2017
Goliarda Sapienza : Rendez-vous à Positano (N°2 Nov 2017)
Goliarda Sapienza : Rendez-vous à Positano - 2017, Le Tripode - roman italien
Goliarda Sapienza (1924-1996)
est une auteure italienne que j’admire énormément. J’ai relu cet été son fameux
« L’art de la joie », paru en 1998, monumental roman écrit entre 1967 et 1976 que
les éditeurs italiens ont boudé et qui a été publié en France en 2005, après sa
mort donc, connaissant beaucoup de succès. C’est l’histoire de Modesta, née en
Sicile en 1900 : « La jeune femme nous entraîne sur le chemin
d’une liberté qui gagne irrésistiblement le lecteur ». C’est une œuvre
majeure de la littérature italienne. En 2013, est paru « L’université de
Rebibbia », récit autobiographique, car l’auteur fit de la prison en 1980
et va « transformer cette expérience de l’enfermement en un moment de
liberté, une leçon de vie ».
Vient de paraître ce
roman « Rendez-vous à Positano » écrit en 1994, publié en Italie en
2015 et en France cette année : Goliarda Sapienza éprouve un éblouissement
lorsqu’elle arrive à Positano sur la côte amalfitaine de l’Italie près de
Naples, « modeste village au flanc d’une colline qui plonge dans la
mer ». Elle est hypnotisée par ce lieu et le décrit à merveille : les
rues, les escaliers, (« les sempiternelles marches enchantées qui appellent
vers le bas avec leur silence si profond qu’il caresse les oreilles comme une
mélancolie supraterrestre ») les terrasses, les habitations, les vues sur
la mer : « A Positano, dit-elle, on est voisins à vol d’oiseau mais
séparés par des gouffres ». Les mœurs et habitudes de ce villages sont
particulières : « Je deviens une vraie snob positanienne au
point de marcher pieds nus », pieds « qui glissent sur le pavement de
terre cuite » comme tous les habitants.
Elle décrit sa
rencontre avec l’une des résidentes de ce village « à l’allure
botticellienne ». Cette Erica, dite « la Princesse » devient
pendant une vingtaine d’année « sa sœur d’âme » et leur complicité
sera intacte jusque la mort d’Erica en 1985 : leurs confidences sont
émouvantes et denses, leur relation très intime est quasi-amoureuse : « Elle
est intelligente en plus d’être belle ». Elles se confesseront l’une
l’autre les grands secrets de leur vie avec beaucoup de sensibilité et
d’émotion. Leurs échanges aborderont beaucoup de sujets : la guerre au
moment où elles se rencontrent en 1940, le travail et la place des femmes dans
la société, le capitalisme, le fascisme, l’amour, l’art, les enfants etc…
Superbe roman d’amour
dédié à un village et d’amitié intemporelle dédiée à une femme. Je suis tombée
sous le charme…
Valérie Trierweiler : Le secret d'Adèle (N°3 Nov 2017)
Valérie Trierweiler : Le secret d'Adèle - Ed Arènes, 2017 -
Valérie Trierweiler
raconte dans ce roman qu’elle a été frappée par le regard mélancolique de « la Dame
en or », un des portraits les plus célèbres de Gustav Klimt (considéré
comme la Joconde de l’Autriche). Ayant appris que le modèle était Adèle
Bloch-Bauer, jeune femme de la haute bourgeoisie juive de Vienne, épouse d’un
homme d’affaires richissime de 17 ans son aîné, elle décide d’enquêter à
Vienne, à New York sur ce couple et imagine dans ce roman la vie d’Adèle mais
aussi celle de Klimt et la vie à Vienne au début du 20ème siècle.
Après son mariage avec Ferdinand
Bloch et la perte d’un bébé, Adèle se grise de la vie mondaine. Elle tient
salon : écrivains, artistes, intellectuels, musiciens, industriels s’y
pressent. On y parle peinture, musique, politique, psychanalyse avec Freud.
Ferdinand commande au peintre Gustav Klimt un portrait de sa femme. Elle
deviendra donc son modèle mais aussi sa muse, sa maitresse ainsi que son amie
et sa complice. Klimt est dans sa période « cycle d’or » et choisit
de représenter Adèle en « impératrice byzantine » sur fond doré. Une
grande sensualité se dégage de ce portrait achevé en 1907 et Klimt reste très
célèbre pour les tableaux créés pendant cette période.
Cette histoire d’amour,
inventée ou pas, devient un beau roman prenant, émouvant, passionnant car bien
documenté et bien écrit.
Il est intéressant de
savoir que ce tableau fut volé en 1938 par Göring puis racheté par un
collectionneur américain puis, après procès, restitué à la nièce d’Adèle, Maria
Altmann, en 2006. Elle l’a vendu à un américain et il est exposé maintenant à
la Neue Galerie à New York. On peut donc à nouveau admirer le chef d’œuvre de
Klimt et l’incroyable beauté d’Adèle….
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